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Agosto 2015

Haiti 1915-Haiti 2015


Anthony Phelps, Paul Laraque, Suze Baron, Christian Werleigh, Michèle Voltaire Marcelin


(Anthony Phelps)

Et encore et toujours le bruit des bottes...

"Étranger qui marches dans ma ville, souviens-toi que la terre que tu foules est terre du Poète et la plus noble et la plus belle, puisqu'avant tout c'est ma terre natale..."


For a hundred years

We have paid dearly

For loving our freedom

As much as we loved our gods


Haiti 1915-Haiti 2015

One hundred years and as many seasons of sadness

O my country, O my land

So sad is the season that now has come the time for us to speak only through signs


" Ô mon Pays si triste est la saison

qu'il est venu le temps de se parler par signes

Je continue ma lente marche de poète , un bruit de chaîne dans l'oreille

et sur les lèvres un goût de sel et de soleil

Je continue ma lente marche dans les ténèbres car c'est le règne des vaisseaux de mort

Et je remonte lentement le lit de ton Histoire

À quoi bon ce passé de douleurs et de gloire

et à quoi bon dix huit cent quatre

À quoi bon Pierre Sully Fort Capois Marchaterre

En vain sur une porte fut crucifié Charlemagne Péralte

et les cinq mille Cacos en vain donnèrent leur sang par toutes leurs blessures

Le dieu vert des Yankees était plus fort que les lwas

Et tout fut à recommencer

Selon le rythme de leur vie, selons leurs lois, leurs préjugés

Et tout fut à recommencer car un matin ils sont venus

ces protecteurs vêtus de jaune nous enseigner avec la honte

la délation et la servilité

Et la leçon fut profitable car dans ma marche de poète

J'ai vu ô mon Pays tes enfants sans mémoire

dans toutes les capitales de l'Amérique

le kwi tendu et toute fierté bue genoux ployés devant le dieu-papier

à l'effigie de Washington


Ô mon Pays je t'aime comme un être de chair

et je sais ta souffrance et je vois ta misère

et me demande la rage au coeur

quelle main a tracé sur le registre des nations ,

une petite étoile à côté de ton nom

Yankee de mon coeur

qui bois mon café et mon cacao

qui pompes la sève de ma canne à sucre

Yankee de mon coeur

qui entres chez moi en pays conquis

imprimes ma gourde et bats ma monnaie

Yankee de mon coeur qui viens dans ma caille

parler en anglais , qui changes le nom de mes vieilles rues

Yankee de mon coeur

j'attends dans ma nuit que le vent change d'aire


Ô mon Pays si triste est la saison

qu'il est venu le temps de se parler par signes

La vie partout est en veilleuse

Entre la liane des racines

tout un peuple affligé de silence

Qui ose rire dans le noir?

Nous n'avons plus de bouche pour parler

nous portons les malheurs du monde

et les oiseaux ont fui notre odeur de cadavre

Le jour n'a plus sa transparence et ressemble à

la nuit

Tous les fruits ont coulé nous les avons montrés

du doigt

Qui ose rire dans le noir?

Il y a dans ma gorge ce cri d'amour en flèche

Et la chaux vive du verbe derrière ma bouche close

Il y a les mots non parlés que l'on se passe par les paupières

ô mon Pays que voici

Je continue ma lente marche de Poète

car j'ai la vocation de l'invisible

Je suis celui qui sort de toutes parts

et qui n'est point d'ici

Je viens sur la musique de mes mots

sur l'aile du poème et les quatorze pieds du vers

enseigner une nouvelle partition

renouveler le répertoire des voix plaintives et cassées

et au seuil de l'été je te salue ô mon Pays que voici

dans l'écarlate floraison des flamboyants."


(Paul Laraque)

Here was the official story: When the United States of America invaded Haiti in 1915, it was to protect human rights and restore democracy...


1915-2015

"You say democracy and it's the occupation of Haiti

You say democracy

And it’s America to the Yankee

It’s the rape of my country

the Caco's blood

and Peralte’s crucifixion

You say democracy

and it’s the plunder of our wealth

from west to east and north to south

You say democracy and spread the slaughter everywhere

and everywhere you leave ruin

You say democracy..."



(Suze Baron)


1915-2015

and misery left and right

bitter as bile, heavy as chains of curses

misery and chanting spread over the shoulders of my country

misery,  filthy misery spread like dirt and mud

detestable in my mouth like bitter coffee

stale bread, rotten avocadoes and mangoes full of worms...

"They say

human blood

enriches the soil

If it were so

if it were so

my friends

rice, millet and corn

would be plenty

in Haiti."



(Christian Werleigh)


Haiti 1915...

And a man came who stood up and said NO

A man who multiplied himself  by 5000

Who stood in the villages, in the cities, in the fields, on the hills

who said we'll fight and one day we'll know this time is gone

and another is going to begin...


"Let's us stand in respect for Charlemagne Péralte

who confronted the American presence and sacrificed himself for our nation

Dead at thirty three , betrayed like Christ,  exposed naked under his flag and crucified; because one day he had dared to promise it to us,

the flag of this land." -



(Michèle Voltaire Marcelin)


Haiti 1915... This promised land.... Were we worthy of it?


"No

we were not worthy of this land

I swear on my life and on yours

Were we to beg forgiveness

on our knees seventy seven times seventeen times

from Our Lady of Perpetual Mercy

History would not absolve us

nor she

We bleat like goats

tethered to this land

where men can be bought for a song

women for a trifle

and children long abandoned

surrender their souls

The years of our lives have passed

listening to the ticking of time

dividing days into hours

clinging to dreams

diviners cannot decipher

We drink, make love and eat

surrounded by excrement

its stench sticky green phlegm in our throat

We speak but our words carry no weight

Honor is obliterated and truth absent

The future aborted and the past streams continuous

like sewage flowing in the gutter

What blunders

What waste

What senseless losses

I could say more but why

You know the ending

And a poem is only words

Let the fire consume us

Erase the slate after we’ve gone

But do not absolve us

Do not forgive us our sins

For we knew exactly what we were doing

We should not be remembered any more than a dead dog

We are like rotten teeth

falling

falling

falling








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